Maître d’art, Élève

Créé en 1994 par le ministère de la Culture, le Programme Maîtres d’art – Élèves contribue à la pérennisation des savoir-faire remarquables et rares des métiers d’art. Il soutient la transmission des savoir-faire qui incarnent l’excellence de l’artisanat d’art, participent à la vie économique et culturelle française et pour lesquels il n’existe plus de formations. Décerné à vie par le ministère de la Culture, le titre de Maître d’art distingue des artisans de passion pour la singularité de leur savoir-faire, leur parcours exceptionnel et leur implication dans le renouvellement des métiers d’art. Plus qu’une reconnaissance, ce titre est le symbole d’un engagement et d’une volonté de transmettre. Depuis 1994, 149 professionnels, acteurs de la création ou restaurateurs, ont été nommés Maîtres d’art et 105 métiers artisanaux mis à l’honneur. Une fois nommé, chaque Maître d’art a le devoir de transmettre son savoir-faire à l’Elève avec lequel il a été sélectionné. Pendant trois ans, son atelier devient le lieu privilégié de la transmission.

Craig Ryder et Claire Berget, Maître d’art et Elève, promotion 2019

L’histoire de Craig Ryder est liée à celle mouvementée de la musique baroque. Répertoire oublié des XVII e et XVIII e siècles, la musique baroque regagne les faveurs des musiciens et des mélomanes européens dans la seconde moitié du XXe siècle. Elle est alors jouée sur des instruments modernes. Dans les années 1970, plusieurs interprètes s’intéressent à la manière dont les œuvres étaient jouées à l’époque de leur composition et souhaitent réintroduire des instruments anciens. Quelques pionniers se plongent alors dans les recherches et les expérimentations. Ils étudient les ressources iconographiques, les techniques d’ébénisterie ancienne et les rares instruments baroques conservés dans les musées pour retrouver les formes, les sonorités, les outils et les techniques de fabrication des instruments anciens. L’indispensable archet fait l’objet des mêmes attentions. Le métier d’archetier baroque est donc un savoir-faire entièrement réinventé.

Lorsque Craig Ryder s’installe à Paris, seule une poignée d’archetiers s’intéresse à la période baroque. Le Maître d’art fait alors partie du cercle restreint qui ose s’affranchir des concepts hérités de la lutherie du siècle précédent. Dans un contexte qu’il décrit comme celui d’un « bouillonnement artistique », la conjugaison des efforts produit de grandes avancées. Aux constats empiriques se mêle une nécessaire intuition et l’apprentissage reste solitaire, fait de nombreux détours. L’archet, malgré ses lignes harmonieuses et équilibrées, n’est pas un objet d’ornement. Véritable prolongement de la main de l’artiste, il s’anime et module les sons en fonction du jeu de celui qui le tient. « On ne sait jamais vraiment quel son va produire un archet avant qu’il soit terminé et joué pour la première fois par son commanditaire » confie Craig Ryder. Le Maître d’art fabrique des archets pour des conservatoires et des professionnels – comme Jordi Savall, qui a contribué à la redécouverte de la viole de gambe – mais aussi de jeunes musiciens. Les nouvelles générations sont très curieuses de la manière dont on pouvait jouer autrefois. C’est intéressant de rencontrer de jeunes musiciens qui cherchent un moyen de s’exprimer puis de les suivre dans leur parcours. » Craig Ryder conserve tous les relevés et gabarits des archets qu’il fabrique comme autant de pierres ajoutées à la reconstitution d’un savoir-faire qu’il doit désormais transmettre. Claire Berget incarne la relève. Installée à Tours depuis 2015, elle est aujourd’hui en quête de perfectionnement. Celle qui rêvait depuis l’enfance de devenir luthière avant d’être conquise par l’archet, partage aux côtés de Craig un travail qui favorise l’infusion des gestes et forme le regard à un monde de détails microscopiques.

Plus d’information sur les 149 Maîtres d’art sur https://www.maitredart.fr/.